Exposition

du 12 novembre 2016 au 14 janvier 2017

Médiathèque Louis-Aragon - Entrée libre et gratuite

Bagneux, des vies bouleversées

Photographies, documents d'archives et objets exposés évoqueront la vie de ces femmes et de ces hommes qui ont vu leurs vies bouleversées par le conflit mondial : la mobilisation générale d'août 1914 et le déchirement des familles, les difficultés du quotidien pendant ces années, la vie des soldats au Front, la fin de la guerre, le devoir de mémoire et la culture de paix. Au combat comme dans les foyers, leurs mémoires sont notre Mémoire. Cette exposition, conçue par les Archives communales, commémore le centenaire de la Première guerre mondiale. Elle n’aurait pu être réalisée sans la participation des donateurs de la Grande collecte de 2013, événement national invitant les Français à faire numériser leurs archives personnelles des années 1914 à 1918.

Visite théâtrale

La compagnie théâtrale SourouS proposera une intervention artistique sur l'exposition

Vendredi 11 novembre à 11h et samedi 3 décembre à 16h - Inauguration mercredi 9 novembre à 18h30.

L'Exposition

Déclaration de guerre

Le 1er août 1914, le gouvernement de la France décrète la mobilisation générale des troupes armées. La veille, le député socialiste Jean Jaurès, qui avait mobilisé les forces ouvrières pour sauver la paix, est assassiné. Les tensions européennes autour du conflit entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie, et le jeu des alliances entre nations entraînent l’Europe dans un conflit global : l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand déclenche une réaction en chaîne qui verra les pays se lancer des ultimatums et se déclarer mutuellement la guerre.
Deux forces sont en présence : la Triple-Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) et la Triple-Entente (France, Angleterre, Russie). Les troupes allemandes commencent à envahir le territoire français le 3 août.

A Bagneux, la vie paisible des 2 752 habitants (selon le recensement de 1911) est bouleversée par la mobilisation générale. Les Balnéolais, comme partout en France, entendent résonner le tocsin ªde l’église à partir de 16h.

On compte alors dans la commune 755 hommes âgés de plus de 20 ans (âge de la majorité) inscrits sur les listes électorales : tous ceux entre 20 ans et 37 ans sont mobilisés car astreints au service militaire, soit dans l’Armée active et sa réserve, soit dans l’Armée territoriale. On estime que la première année de guerre, plus de 469 hommes de Bagneux ont été mobilisés et recrutés, soit 66% de la population masculine ayant plus de 20 ans.

Puis, par la suite, tous les jeunes hommes arrivant dans leur 19ème année seront incorporés dans les rangs de l’Armée.

 

Bagneux village rural

Bagneux est alors un village de la banlieue parisienne où se côtoient maraîchers, jardiniers, cultivateurs, carriers et briquetiers, champignonnistes, mais aussi des artisans et boutiquiers, et les ouvriers corroyeurs de l’usine des cuirs et peaux, des ateliers du tramway ou les ouvriers travaillant dans les usines de la région.
C’est un village agricole qui a cependant une fonction « industrielle ». Les maraîchers et cultivateurs vendent leurs productions aux Halles de Paris, faisant alors vivre quelques 480 personnes.
Bagneux est aussi un lieu de villégiature pour les cadres ou fonctionnaires parisiens : le Maire Théodore Tissier, notable républicain venu de Paris en 1898 est l’exemple de l’installation de nouvelles couches sociales.
Un Comité agricole, présidé par le conseiller municipal François Laurent Gibon, doit s’assurer de la mise en culture des terres laissées à l’abandon par le départ des hommes aux armées, et par la nécessité d’assurer l’approvisionnement de Paris.

Les femmes balnéolaises se retrouvent souvent seules, des mères ou des épouses, qui doivent reprendre le travail des hommes quand c’est possible.

Effort de guerre

L’occupation de la zone nord et les réquisitions militaires empêchent le bon approvisionnement des villes de la région parisienne. Il faut s’habituer aux privations.
La guerre bouleverse la production dans les usines, mises à contribution pour répondre aux nécessités militaires, l’armement, l’habillement, l’alimentation. 

Le Maire de Bagneux se mettra au service du gouvernement d’Union Sacrée et devient chef de Cabinet du Président du Conseil, Aristide Briand, d’octobre 1915 à mars 1917.

Les femmes jouent alors un rôle essentiel : même si elles ne vont pas participer aux combats, et qu’elles n’ont pas encore de droits civiques et de vote, ce sont elles qui vont devoir prendre la relève des hommes partis au front. Elle exercent des travaux pénibles au même titre que les hommes.

L’effort de guerre se manifeste à Bagneux par la production de l’usine Aboucaya frères, route d’Orléans, qui travaille directement pour l’industrie de guerre en fabriquant toutes sortes de cuirs, notamment les chaussures pour l’armée. L’usine du brocheur Duhiège, rue Fortin, emploie également des femmes.

De nombreux Balnéolais seront soit employés soit soldats détachés dans les usines transformées pour les besoins de la défense nationale, comme à Darracq, à Suresnes où l’on passe de la fabrication de voitures à celle d’obus et de mitrailleuses.

Dès 1915, la municipalité organise des soupes populaires et établit le recensement en vue d’organiser le rationnement. Les Balnéolais seront obligés de faire la queue dans de longues files d’attente pour pouvoir obtenir du charbon et se chauffer.

 

Photographies de la tannerie Aboucaya à Bagneux, servant à l’industrie de guerre, janvier 1918. - Source : BDIC, Fonds des albums Valois – Camps retranché de Paris, Service de Presse des Armées.


Le front des soldats

La vie au front

La vie dans les tranchées est très dure : à la boue, au froid, aux maladies, aux puces et aux rats, il faut ajouter la peur et la mort que les soldats doivent affronter lorsqu’ils vont au combat pour prendre la tranchée adverse et essuyer les tirs d’obus, de mortier et des mitrailleuses. Les espérances de survie sont minces.

 Mais les soldats ont également beaucoup de temps libre pour lire, jouer aux jeux de hasard, se remonter le moral.

Ils écrivent beaucoup à leur famille. Le courrier crée un lien vital entre le soldat et sa famille, ses amis. Malgré la censure militaire, on s’y épanche, on raconte la vie au front et on tente de rassurer sur le moral des troupes et la santé.

Pas moins de 4 millions de lettres transitaient chaque jour au Bureau Central militaire de Paris, ainsi que 200 000 paquets et colis. Ces témoignages précieux sont bien souvent les derniers souvenirs qui ont été conservés par les familles.

Pendant la Première Guerre mondiale, Albert Petit, maire de Bagneux de 1935 à 1963, envoyait des cartes postales à sa famille, comme tous les soldats au front. Sa petite-fille, Françoise Potron, les a conservées.

Elle nous en parle.

 

(Photographies de soldats de la guerre 14-18 originaires de Bagneux. Fonds Privé René Rousseau, Musée de Sceaux, Album n°6, cote 813.)

Prisonniers, blessés, morts et mutilés

L’horreur de la première guerre mondiale est caractérisée par le nombre des morts.

Tous pays confondus, on compte 18 millions de morts, dont 9,7 millions de soldats, et 8 millions de civils. En France, ce sont 1,3 millions de soldats de métropole et des colonies qui obtiendront la mention « Mort pour la France », dont quelques 130 Balnéolais qui ne reverront plus Bagneux.

La Mairie reçoit tous les avis de disparitions de soldats et c’est au Maire en personne à qui il revient la charge de prévenir les familles.

Les prisonniers de guerre sont également nombreux et certains Balnéolais ont été déportés en Allemagne. Les conditions de captivité y étaient souvent très dures : les hommes souffraient de la faim et étaient astreints aux travaux forcés.

A Bagneux, rue des Écoles, les Sœurs de Notre-Dame d’Afrique ont ouverts avec le concours des pouvoirs publics un établissement de convalescence militaire en 1915.

Finir la guerre, promouvoir la paix

Un monument aux morts pour Bagneux

La Première Guerre mondiale se termine le 11 novembre 1918.

Les zones occupées du nord sont libérées. Les familles en deuil vont rechercher leurs morts, à travers les champs de bataille et les fosses militaires, les rapatrier pour les inhumer dans leur ville natale. C’est le temps du deuil.

Partout en France, un grand mouvement de construction de monuments aux morts a lieu entre 1918 et 1925. Plus de 30 000 monuments seront érigés durant cette période.

Une souscription est lancée pour pouvoir ériger un monument qui honorera les Balnéolais morts pour la France. Théodore Tissier est devenu Sous-Secrétaire d’État à la Présidence du Conseil. Lors de la séance du Conseil municipal du 17 décembre 1921, les élus choisissent le sculpteur et statuaire Paul Landowski.

 

Le temps du combat pour la paix

Les associations d’anciens combattants, notamment l’Association Républicaine des Anciens Combattants, sont actives à lutter contre le militarisme, le réarmement et les guerres.

Romain Rolland, Jean Longuet, Henri Barbusse participent à ce mouvement avec de nombreux intellectuels.

Georges De Champs a 26 ans quand il est mobilisé en 1914. Gravement blessé en 1915, il recevra la Croix de guerre avec citations pour conduite héroïque. En 1918, il devient dessinateur de presse et collabore à « l'Oeuvre » journal pacifiste de Gustave Téry. 

Ces dessins nous sont parvenus grâce à son fils qui réside à Bagneux : « Mon père ne m'a jamais parlé de la guerre, il voulait oublier. Ce n'est qu'à partir de 1948 de retour sur Paris après notre exode à Gien, qu'il m'a raconté la grande guerre, ses dessins... »

 

Dessins de G. de Champs dénonçant la guerre, les fusillés, le militarisme, le nationalisme.

Médiathèque Louis-Aragon - 2 avenue Gabriel-Péri 92220 BAGNEUX - 01 46 57 45 75

Horaires d’ouverture : mardi de 10h à 12h et de 16h à 20h - mercredi de 10h à 18h - vendredi de 10h à 12h et de 16h à 19h - samedi de 10h à 18h